lundi 31 octobre 2011

Petite curiosité : "Chers amis de la Téléphonie Domestique" (31/10/1998)

Hasard des recherches par date, j'ai eu la surprise de retrouver sur le disque dur de mon ordinateur une lettre que j'avais adressée à la Fnac le... 31/10/1998 - soit il y a pile 13 ans - contrarié de ne pas trouver ce que je cherchais au milieu de l'offre archaïque et moribonde occupant les linéaires de téléphonie domestique de l'enseigne en question. Avec du recul, c'est amusant à lire... 

"Chers amis de la Téléphonie Domestique,

La FNAC, rayon téléphonie numérique (DECT/GAP). Concours d’uniformité, de tristesse, de ringardise, d’archaïsme, d’obsolescence, de ratage industriellement réussi et mis en rayon.

Pourquoi ?

Même si les technologies – et les coûts qui y sont associés – ne sont pas les mêmes, il n’en reste pas moins qu’elles sont voisines, sinon cousines, et que les cahiers des charges des uns (les téléphones GSM) sont sensiblement les mêmes que ceux des autres (les téléphones DECT).

Pourquoi un tel retard ? Pourquoi un tel décalage ouvertement orchestré, accepté, et subi ?

Depuis longtemps je cherche le téléphone idéal. Je sais qu’il est simple mais je sais aussi qu’il viendra probablement et comme d’habitude de l’autre côté de l’Atlantique ou de l’Asie. Et dans ces cas-là, le premier a l’avantage du pionnier et touche le jackpot. Devant les autres, ceux qui n’ont pas essayé d’être un minimum visionnaire.

Il faut repenser le téléphone domestique. Le redéfinir. En faire un objet zen. Il est devenu un objet traumatisant et laid. Regardez vos téléphones domestiques. Les gens se sont remis un jour à acheter des voitures lorsqu’elles ont enfin cessé de ressembler à des caisses à savon. Parce que ce que les gens veulent conduire, ce n’est pas une voiture, mais un avion (Mégane Scenic, Xsara Picasso). La forme des choses et la perception qu’on en ressent conditionne la bienveillance des gens à l’égard de l’objet (et par voie de conséquence l’acte d’achat).

Repenser le téléphone domestique. Un objet zen. Voilà quelques pistes (les autres sont déjà certainement dans le cahier des charges de vos GSM.)

1. Le douloureux problème de la sonnerie

Conçu pour être à notre service, cet objet - le téléphone domestique - s’est mis avec les années à proférer d’infâmes sonneries au son électronique raté et au ton comminatoire qui nous convoquent à son service. Inversion du rapport tout à fait désagréable, et au bout d’une journée très éprouvante.

On doit pouvoir :
  • couper la sonnerie totalement, si besoin est.
  • la remplacer par des sons beaucoup plus agréables (chants d’oiseaux, bruit de la mer, cloches de montagnes, etc.) On peut s’inspirer pour cela par exemple de la gestion des sons sous Macintosh (petits fichiers simples à mettre en œuvre et peu gourmands en mémoire)
  • et le top serait d’avoir le sommet du capot qui s’allumerait et s’éteindrait doucement (pas de gyrophare de pompier, mais rythme réglable)
2. L’écran et le clavier

Evidemment, plus d’une seule ligne de texte (service Class oblige), et très lisible. Il s’éclaire quand on active une touche, ainsi que le clavier. On peut ainsi téléphoner et recevoir des appels dans l’obscurité, sans recours à une source de lumière extérieure. Il n’y rien de plus désagréable la nuit que d’avoir à allumer pour téléphoner ou recevoir un appel.

3. Les numéros en mémoire

Evidemment ne pas s’en tenir aux 10 pauvres mémoires habituellement rencontrées. Une centaine d’entrées, avec noms et numéros (service Class oblige) est un minimum. Les capacités des mémoires et les cartes à puce le permettent. Il faut peut envisager également la possibilité de transfert de numéros entre un GSM et un téléphone DECT.

4. L’interface

La plus conviviale possible, il faut tirer parti des progrès des GSM. On doit, en outre, pouvoir désactiver absolument les bips de touche. Avec le Philips Xalio, téléphoner donne l’impression de jouer au flipper.

5. L’aspect et le design

Cesser absolument ces corps anthracite d’une austérité sans bornes. Il y a suffisamment de créateurs sur cette planète pour sortir de cet archaïsme formel, et réinventer un objet agréable et délicieux, avec lequel la cohabitation serait redevenue harmonieuse, voire affective.


Voilà, tout ça serait déjà formidable. Ce n’est certainement pas simple à mettre en œuvre, mais pour l’instant c’est loin d’être ça. Regardez par exemple, en photo, la brochure de l’EOS 3 chez Canon. Tout est systématiquement repensé, les choix techniques et l’ergonomie y sont d’une audace incroyable – fin de la bague de diaphragme, molette arrière, pilotage de la mise au point à l’œil… Ça ne sert peut-être qu’à une chose, ETRE EN AVANCE SUR LES AUTRES, ET S’Y MAINTENIR.

Allez voir le rayon téléphonie numérique à la FNAC. Votre téléphone a l’air d’un cercueil au milieu des tombes, on dirait qu’en appuyant sur les touches il va en sortir des larmes, et quand on le prend en main sa carcasse craque de partout. A peine né et déjà vieux. Rassurez-vous, les voisins n’ont pas meilleure mine.

Alors, à quand de l’innovation et de l’avance ? Elle semble bien être possible en GSM…

Sincerely yours"

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